Sentier Mémoire de Vindry
Inauguré le 18 juin 2024, le sentier Mémoire de Vindry-sur-Turdine est le premier né sur le territoire du Rhône. Objectif : proposer des tracés de randonnée en proximité de sites ayant connu des moments tragiques ou de Résistance tout en valorisant le travail de mémoire réalisé par de jeunes Rhodaniens.
À Vindry, c’est le massacre du 22 août 1944 perpétré par l’occupant nazi qui est rappelé. Explications.
C’est une des journées les plus noires de l’histoire du Pays de Tarare que le premier Sentier Mémoire du Rhône propose de (re)découvrir. Le 22 août 1944, dix civils sont fusillés par les Allemands, au lieu-dit du Pied-de-Vindry, en représailles d’une rencontre avec des maquisards. Le même jour mais aussi la veille, trois autres civils sont tués chez eux, et deux jeunes Résistants trouvent également la mort. Leurs 15 noms figurent sur le monument aux morts du Pied-de-Vindry. Mais que s’est-il passé ce jour-là ? Qui étaient ces civils qui ont payé de leur vie, alors que l’armée allemande était en pleine débâcle ?
Un panneau mémoriel pour ne pas oublier…
Cet épisode tragique est expliqué sur un panneau pédagogique installé sur le sentier de randonnée à hauteur du lieu-dit La Gouttes. On y découvre un rappel des faits, l’identité et les visages des victimes, une présentation de la stèle commémorant cet épisode tragique et qui est située en contre-bas, une carte situant les lieux de vie des victimes, le tracé de la boucle mémoire ainsi que les sentiers de randonnée existants à proximité, ou encore le monument des fusillés.
Enfin, on peut y découvrir un texte qui valorise le travail mené en 2022 par des lycéens de Tarare autour de cet évènement.
Valoriser le travail de Mémoire mené par des lycéens de Tarare
Onze lycéens de la Cité scolaire de Tarare ont réalisé un film documentaire sur ces événements. Son titre, Ils t’ont donné leur sang aussi, reprend la phrase que l’on peut lire sur la stèle du Pied-de-Vindry. Un travail de recherches remarquable et très documenté qui leur a valu de remporter le 1er prix du Concours national de la Résistance et de la Déportation de l’académie de Lyon en 2022. Le Département s’est appuyé sur ce projet afin de créer son premier sentier mémoire au Pied-de-Vindry. Un QR code permet de visionner ce film.
Une boucle Mémoire
Entre la stèle et le panneau pédagogique, un tracé mémoriel a été créé. Au départ de la Stèle des fusillés située au Pied-de-Vindry en bordure de la RN7, il suffit de suivre la signalétique dédiée pour emprunter la Montée de Vindry, puis traverser les hameaux de la Roue, de Blain, de la Goutte, de Montferrat ou encore du Payet, autant de lieux chargés d’histoire.
Les faits : que s’est-il passé le 22 août 1944 ?
Ils essayaient de cacher leurs bicyclettes prisées de l’occupant allemand soucieux d’alléger les kilomètres à pied dans son repli vers Lyon, leurs bijoux, leur montre, leurs économies, aussi, du pillage en règle mené dans les maisons bordant la RN7. Ou ils étaient simplement dans leur jardin en ce 22 août 1944 comme ces quatre ouvriers de l’usine textile Godde-Bedin de Tarare, en train de récolter des oignons.
Le Freiwilligen-Stamm-Regiment 3, une unité de la Werhmacht constituée de volontaires de l’Est, des Turkmènes, des Géorgiens, des Ukrainiens surtout, avançait depuis Roanne précédé par sa réputation de cruauté bien établie dans sa traque sans pitié des maquisards, sa spécialité. Les maquisards justement ne laissaient pas de répit depuis Roanne à ces « Mongols » comme on les surnommait avec terreur dans la campagne française, accrochés à Fourneaux dans la Loire, puis au Pin Bouchain.
À Saint-Loup enfin. Vers 18h30, des parachutistes du Special Air Service commandé par le Lieutenant Montreuil, alliés à une section des Forces Françaises de l’Intérieur, les Bidulards du Commandant Berthier, alias Louis Challeat, chef du secteur de Tarare, engageaient le feu depuis la colline de Vindry. Les FFI perdaient Paul Souzy, comme avant lui André Prez, tué la veille à Bully.
Les représailles ne se firent pas attendre. Joanny Dadolle, Jean Rabut, Joseph Boudot, Louis Noyel, Claude Giraud, Julien Raffin, Jean Dupin, Antoine Plasse, Louis Thevenard et son fils Albert, tout juste 15 ans, furent mis contre un mur le long de la route nationale au pied de Vindry et abattus. D’autres le furent dans leur jardin comme Jean Coucheroux, dans un pré comme Claudia Subrin.
14 victimes dont les noms figurent sur le monument édifié sur les lieux mêmes du massacre. Plus une, inconnue. Un soldat ukrainien exécuté parce qu’il n’avait pas voulu s’en prendre à des civils.